L’Inspection des Véhicules est l’organisme qui effectue le contrôle technique des transports poids lourds sur le territoire de la Bulgarie comme département de l’Agence exécutive d’administration automobile (AEAA). Son travail s’est retrouvé sous le feu des projecteurs après le cas le plus récent et sans doute le plus médiatisé de corruption routière, lorsque peu avant le concert de la star britannique Robbie Williams à Sofia cinq camions sur les 22 transportant l’équipement technique pour l’événement ont été stoppés à l’entrée de Sofia par des employés de l’Inspection des Véhicules qui ont demandé des pots-de-vin à leurs chauffeurs.

La corruption routière est-elle chronique dans notre pays et qui en sont les victimes ? Radio Bulgarie a posé la question à Hristo Radkov, président de l’Union des chauffeurs bulgares et lui-même chauffeur de poids lourd de longue date.

A ses dires la Bulgarie est le pays au contrôle du trafic des poids lourds le plus strict, mais dont les résultats sont les plus faibles. Comment les infractions sont-elles constatées ? « Quand on contrôle un véhicule de plus de 3,5 tonnes, qui doit obligatoirement être équipé d’un tachygraphe pour franchir des frontières européennes, il y a deux façons de procéder : soit un contrôle des papiers, soit un contrôle du tachygraphe. S’il y a dépassement du temps de travail, des heures de conduite par jour ou une autre infraction, cette information est enregistrée », explique Hristo Radkov.

Il précise que ce sont les chauffeurs étrangers qui sont le plus contrôlés, parce que les chauffeurs bulgares doivent présenter toutes sortes de papiers tous les ans, alors que ceux d’autres pays ne peuvent être contrôlés que sur la route, ce qui génère des cas de corruption :

On stoppe surtout les chauffeurs étrangers, parce que les chefs des sociétés de transports en Bulgarie sont convoqués à l’Inspection des Véhicules. Chaque poids lourd immatriculé en Turquie, mais pas que, qui transporte des marchandises vers l’Europe occidentale, est en violation même à 50 km après être entré en Bulgarie. L’attente à la frontière dure 24 heures. Pendant ce temps le chauffeur n’a pas de période de repos, alors qu’il doit se reposer au moins 9 heures par jour et pendant ces 9 heures sur 24 le camion doit être immobile. Alors que, comme il est dans une file d’attente, il a bien dû déplacer son camion et après, dès qu’on le stoppe pour un contrôle, on constate qu’il est en infraction des horaires de travail. Nous avons créé un véritable piège que les chauffeurs ne peuvent pas éviter et cela rend la corruption possible.

Par ailleurs, ce type de pratiques n’est pas limité à la Bulgarie, mais existe aussi dans d’autres pays :

Cette pratique n’existe pas qu’en Bulgarie. Le contrôle des poids lourds se fait différemment en fonction du pays. Un des meilleurs exemples est l’Allemagne où il est effectué par des sociétés privées, qui travaillent à leur propre compte et touchent les montants des amendes. Dans toute l’Europe il y a aussi les contrôles de police. Et puis à partir de la Hongrie et en allant vers l’est, il devient de plus en plus probable que vous serez stoppé pour un contrôle routier, mais de fil en aiguille on vous fait comprendre que le représentant de l’autorité a besoin d’argent pour se payer un café ou des cigarettes, bref, on vous suggère de donner de l’argent pour mettre fin au contrôle, qui pourrait sinon aboutir à une sanction.

Radio Bulgarie a cherché à contacter des représentants de l’Agence exécutive de l’administration automobile pour entendre leur version des faits, mais personne n’a accepté notre demande d’interview.

Ivan Guergov

Version française et publication : Christo Popov

Photos : BTA, Ivan Guergov, BGNES, stolica.bg